Ce piano est un Pleyel D 2m04 de 1899 en palissandre de Rio. A son arrivée à l’atelier, le sommier de chevilles tait fendu de toutes parts, la tenue d’accord était impossible. D’autre part, ses ivoires avaient été remplacés par de la galalithe cassante et grisâtre. Refusant de revêtir ce clavier avec du plastique, Marion Lainé a choisi de fabriquer manuellement un revêtement en poirier. Le vernis est une gomme laque naturelle appliquée avec la méthode du vernis tampon traditionnel.
Cette restauration a demandé près d’un millier d’heures de travail.
Grâce à cette restauration, Marion Lainé est lauréate 2022 du Concours des Ateliers d’Art de France. Son piano a été exposé au Salon International du Patrimoine Culturel au Carrousel du Louvres au mois d’octobre 2022.
Montage étouffoirs terminé. Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Pleyel D — 1899 ©Marion Lainé
Pleyel D — 1899 ©Marion Lainé
Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Harmonisation Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Réglage de la mécanique — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Harmonisation et réglages de finition — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Placage des chants — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Placage des chants — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Laitons polis — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Restauration Pleyel D 2m04 ©Marion lainé
Vernis au tampon sir couvercle — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Travaux d’ébénisterie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Détail de couvercle verni au tampon — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Rempli du couvercle, détail de couvercle — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Rempli du pupitre à la ponce de soie — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Montage étouffoirs terminé. Pleyel D 2m04 1899 ©Marion Lainé
Montage des étouffoirs — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Montage des étouffoirs — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Nouveau revêtement de clavier fait main — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Collage des nouveaux revêtements de clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Montage des cordes basses — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Montage cordes et chevilles sur sommier neuf — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Cadre et sommier ajustés — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Peinture manuelle du cadre — Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Vernis de table d’harmonie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Table d’harmonie flipotée — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Restauration table d’harmonie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Yves Pernaudat
Restauration table d’harmonie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Yves PernaudatOLYMPUS DIGITAL CAMERA
Restauration table d’harmonie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Yves Pernaudat
Restauration table d’harmonie — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Yves Pernaudat
Copeaux de flipots de table — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Perçage du sommier en érable — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Ajustements nouveau sommier en érable — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Fabrication manuelle d’un nouveau sommier “à façon” — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Sommier d’origine et nouveau sommier en cours de fabrication — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Extraction du sommier d’origine — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé
Extraction des chevilles d’origine — Clavier Pleyel D 2m04 — 1899 ©Marion Lainé






2012. Une visite chez Emmaüs. Y’a souvent rien, mais parfois des surprises. On aime y trouver nos meubles au hasard des coups de chance. Mais cette fois, oh, un piano à queue, éraflé, édenté, presque injouable, se tient là et aussitôt on tourne autour et on se prend à rêver. On l’adopte, mais on n’aura pas le temps de le soigner tout de suite. Notre Erard est sorti d’atelier à la fin du XIXeme siècle. Il semble avoir eu de la voix, avant…
2015–2016. On le sort du garage pour intégrer le salon. Paul répare les balafres du meuble, change les ivoires, fait briller les laitons et les vis, redonne du lustre au meuble noir, change des feutres et prépare la mécanique des étouffoirs. Pour le reste il nous faut un facteur de pianos. Mais ce travail n’est pas à la portée de tout le monde. A l’issue de l’intervention d’un professionnel, la mécanique devient « jouable », mais le toucher est moins précis que son petit frère le piano droit. Le son est disparate, notes dures et notes sourdes. C’est raté. OK on a compris, c’est pas à mettre dans les mains d’un technicien de piano ordinaire.
2019. Comment trouver l’une des rares personnes capable de faire renaître cet instrument ancien ?
Quelques recherches sur internet plus tard, les spécialistes de haut niveau et capables de restaurer les pianos anciens, sont rares, mais ça existe encore ! Et justement Marion est en Savoie ; aurait-elle été à Paris que je l’aurais contactée malgré tout.
S’ensuivent 3 jours de travail précis et intense. Enlever les bruits parasites, réglage complet de la mécanique, retour à un enfoncement plus faible, préparation des têtes de marteaux, harmonisation ; Marion respecte la conception de ce piano, et se coltine à la matière. Pas de répit, chaque réglage va être parfait, chaque défaut va être résolu, l’un après l’autre. Pas de concession, pas d’excuse, c’est fait pour marcher, très bien même, et ça marchera.
En 2 jours de travail sur la mécanique, le toucher est métamorphosé, et le son est déjà modifié !
Le 3eme jour porte principalement sur la réharmonisation et la finition du toucher. Là encore chaque timbre est refait entièrement. Les opérations de piquages et de réglages s’enchaînent à un rythme soutenu. Elle maîtrise.
Le piano s’ébroue et (re)trouve une plénitude musicale que je n’imaginais pas.
Ouah que ça peut être beau un Erard !
Géniale la conception ! Et Mozart, Chopin, Debussy, Bach, tout sonne avec du corps et de la subtilité. J’aimerais aussi l’entendre en version Jazz, je parie que tout lui va.
Géniale Marion de mettre un immense professionnalisme et savoir-faire, au service de la musique, à travers un instrument né bien avant nous et qui retrouve un beau présent et un bel avenir.
Et un grand merci pour m’avoir indiqué comment on joue d’un Erard, car seule je n’aurais jamais trouvé.
Le boîteux cheval de pré est redevenu un pur-sang de course.
Et maintenant il transporte le musicien et porte la musique !
Et je n’en reviens pas d’avoir ce piano chez moi.
Merci.