Optimisation de pianos

Cohérence entre toucher et sonorité : la source de l’inspiration

Quand un instrument a perdu ses qualités d’origine, le rapport de complicité initial entre le pianiste et son instrument se transforme peu à peu en rapport de force.

Trop souvent, le pianiste demande un accord et sous-entend par là une demande d’entretien. L’accord, bien qu’il y contribue, n’est pas un travail exhaustif. D’où, au mieux un malentendu, au pire une dégradation du piano.

Le lien étroit qui existe entre le toucher et le son doit inciter le musicien à prendre en considération l’ensemble de la complexité de son instrument pour comprendre ce qui le fait vibrer.

Afin de donner le meilleur de lui-même, le piano doit être non seulement accordé, mais parfaitement réglé et harmonisé, le tout dans un souci de cohérence tactile et sonore.

Accord : opération qui consiste à maintenir la tension nécessaire à la stabilité du piano, tout en répartissant subtilement les différentes fréquences de l’instrument. Il peut être effectué de manière isolée dans le cas d’un piano en parfait état de jeu, mais n’intervient qu’en fin d’opération lors d’un travail d’optimisation.

Réglage : une mécanique de piano est constituée de leviers successifs où cohabitent bois, feutre et métal. Chaque note d’un piano à queue comporte 32 points de frottements et 25 points de réglage. Chacun d’entre eux contribue non seulement au bon fonctionnement de la mécanique mais aussi, selon les paramètres choisis, à la maitrise des nuances, à la facilité de répétition, la fluidité, le poids, la projection du son…

Harmonisation : en agissant sur la densité du feutre des têtes de marteaux, le technicien expérimenté peut libérer toutes les qualités musicales de l’instrument : précision d’attaque, souplesse, dynamique, chaleur, grain, ouverture, projection, longueur de son… mais aussi régularité et égalité.

On module ainsi le timbre de l’instrument selon les exigences du pianiste, le lieu dans lequel l’instrument se trouve, le répertoire, l’hygrométrie, dans le respect de la facture de l’instrument et des particularités qui font son caractère.

Le feutre des marteaux est un matériau précieux que de mauvaises manipulations peuvent abîmer facilement. La tendance à vouloir confondre harmonisation et égalisation du timbre donne parfois cours à des pratiques « homogénéisantes » souvent décevantes : par soucis d’éliminer des défauts, qui souvent n’en sont pas, les techniciens inexpérimentés stérilisent progressivement l’ensemble de la tessiture du piano, de manière souvent irréversible.